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Appartenance à une histoire plus grande que soi!


« Les cimetières sont maintenant remplis de héros » m’avait dit un jour un Moudjahidin afghan en contemplant une zone urbaine complètement oblitérée après plusieurs jours de combat fratricide juste après la chute du régime communiste.

C’est étrange. Pour moi les héros n’étaient pas ceux qui sont morts. Mais bien ces jeunes combattants en haillons, sonnés par la fureur de la guerre, qui survivent, qui souffrent, qui errent, en silence, dignement.


Comme pour toutes les guerres, les héros des cimetières sont notre mémoire. Ceux qui survivent, notre présent. Partons à leur rencontre et comprenons mieux leurs histoires.

Voilà en quoi réside une partie du génie créatif de l’aventure Monarques. Provoquer des rencontres. Susciter la réflexion. Créer du lien. Cueillir des mots et les donner à voir.


Monarques m’a permis de mieux comprendre l’attachement à l’institution, à cette grande famille égalisatrice que sont les Forces armées canadiennes (FAC). À sa redoutable capacité d’intégration sociale. La vie militaire offre une cohésion humaine qui va bien au-delà de la religion, du statut social des troupes ou de son commandement. C’est une communauté dans la Communauté. Avec ses règles, ses valeurs, son cadre de vie, son histoire.


Le contraste qui peut exister entre l’image extérieure que l’on s’imagine des FAC et la réalité des gens qui les composent est saisissant. Comme entité, les FAC ne sont en fait que le reflet du reste de notre société. Souvent pour le meilleur, parfois le pire. Ces hommes et ces femmes, c’est vous, c’est moi.


Une aventure donc avec comme prétexte, comme porte d’entrée, le théâtre. On m’invite à plonger cœur et tête première dans une série de destins variés qui sont remplis d’espoirs, de courage, d’ambitions. Parfois de traumas, de déchirements, de déceptions.


C’est ainsi que s’est ouvert le champ des possibles pour un jeune homme qui se cherchait et qui avait besoin de repères, il y de cela plusieurs décennies. Les Forces lui ont fourni l’opportunité de devenir quelqu’un, de se dépasser, de canaliser ses énergies, de lui tracer un chemin et, finalement, de lui ouvrir les portes du monde.

Au début, c’était les équipes sportives, la rage de vivre, la recherche d’émotions fortes. Plus tard, ce sera le groupe, Val Cartier, la grande famille.


J’ai découvert à travers la richesse de nos discussions, de nos parcours respectifs, qu’il y avait entre nous un élément commun, fondamental. Celui de la recherche d’une certaine « appartenance ». Appartenance à une histoire plus grande que soit, à une famille, autre que la sienne, à un destin à façonner. La recherche de liens, de sens, comme pour alimenter et assouvir la soif de vivre.

Puis, toujours au gré de nos conversations, une intuition. Celle que nos entourages respectifs, nos familles, nos amis, souvent pris à témoin par les silences des retours de missions, par les humeurs méconnaissables, par les détachements parfois limites, se sont avérés être le roc sur lequel la fatigue et la lassitude pouvaient enfin trouver refuge.


Voilà le contexte de discussions dans lequel j’ai fait la connaissance de Luc !

Grand bonhomme aux traits marqués, aux yeux perçants, à l’élan volontaire et à la droiture impressionnante. Tout cela dès nos premières rencontres.


Adjudant Luc Lacombe (maintenant major) qui serre la main à un jeune afghan. Cette photo fait la démonstration de pourquoi nous nous battons... pour les plus vulnérables, mais le tout à un prix aussi la perte en vie humaine de soldats qui ont servi.

Il en est ressorti un sentiment d’une grande force. Puis, au fil des rencontres, des fragments de fragilité, ceux d’un homme qui a tout donné, tout abandonné pour sa voie, tout vu et tout enduré. Comme si la force et la fragilité n’étaient finalement que les deux faces d’une même médaille. Non pas celles qu’on accroche aux uniformes mais plutôt celles qui constituent l’essence même de ce que l’on devient.


J’ai appris en le côtoyant que ses choix, ses aspirations et ses rêves n‘étaient pas totalement différents des miens. Que son engagement, son parcours et sa quête pour un monde meilleur avaient des traits communs avec les miens.


Au final, je me suis de nouveau rappelé que les blessures invisibles, les hésitations devant un départ annoncé, le besoin de remplir le vide après le trop plein, que tout cela façonne inévitablement des liens puissants chez tous ceux qui ont côtoyé l’innommable et l’indicible. Comprendre cela, c’est se rapprocher encore un peu plus de notre humanité partagée.


Merci Luc de m’avoir ramené à l’essentiel !

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