Au cours des dernières semaines, j’ai eu des contacts enrichissants avec un ex-membre des Forces armées canadiennes (Fac). J’ai eu des rencontres virtuelles, téléphoniques, mais j’ai surtout eu la chance de lire un document de plus de 200 pages sur sa vie militaire; ses choix, ses défis, ses échecs, ses déceptions. Un document intéressant pour un gars comme moi qui n’avait jamais porté une attention particulière aux questions militaires canadiennes, si ce n’est que les choix politiques des gouvernements canadiens.
Ces échanges avec ce militaire – car selon moi, on demeure militaire toute sa vie, surtout lorsqu’on traîne des blessures physiques ou mentales – m’ont permis de constater qu’il n’y a pas seulement des considérations politiques, il y a des questions humaines, personnelles, familiales. Ce sont des femmes et des hommes qui sont impliqués dans ces missions. Ce militaire, cet homme, Fred Caron, est un père, un époux, un citoyen à part entière qui a vécu une foule d’expériences heureuses et malheureuses.
Dès l’âge de 14-15 ans, il admire la vie militaire : sa discipline, ses grades, la possibilité de parcourir le monde, de devenir un expert du parachutisme de haut niveau, d’exploiter son talent et de faire face à ses peurs. Il n’est pas différent des autres jeunes, ni de moi!
À cet âge, moi aussi j’avais des rêves. Le rêve d’être un bon gardien de but au hockey, d’être un bon coéquipier, d’être une personne qui tire les autres vers les succès du groupe. Orphelin de père à 14 ans, c’était important pour moi d’aider ma mère de sorte qu’elle n’ait pas de soucis. Et nous voulions aider, à notre façon, les gens qui nous entourent. Nos ambitions personnelles, nos rêves, nos expériences étaient différents. Notre approche pour les réaliser était également différente. Fred par le service militaire, moi par les études universitaires, mais jeunes, nous avions le même désir de réalisation et la même passion de réussir. Nous voulions développer nos capacités intellectuelles, nous voulions vivre la camaraderie, nous voulions influencer et animer la vie de nos collègues dans la réalisation de nos objectifs communs.

Lorsque le combat survient, la vie militaire devient complètement différente de la vie civile. Ça demande du sang-froid, une prise de décision rapide, une résilience, car notre vie et celle de nos équipiers en dépendent. Et si on survit, il y aura peut-être des blessures physiques ou mentales, des chocs post-traumatiques. Alors on aura besoin d’une famille pour nous épauler, nous guider, pour prendre soin. Si nos rêves de jeunesse sont les mêmes, les risques au combat ne le sont pas et les conséquences sont loin d’être les mêmes. Et pour ça, Fred, son épouse, ses enfants ont toute ma considération et je leur dis merci.
Fred a voulu diriger et prendre soin des camarades militaires. Il a voulu devenir parachutiste de haut niveau, exploiter son talent et faire face à ses peurs. Ce fut son podium, sa médaille olympique, car le but premier d’une carrière militaire n’est pas de tuer des ennemis, de détruire des infrastructures. C’est de réaliser ses rêves, comme les athlètes, comme les gens d’affaires.
Mais malheureusement, parfois avec des risques et périls!
Réal Létourneau