top of page

Tant à dire

Monarques, c’est l’histoire des militaires et des vétérans souffrant de blessures de stress post-opérationnel. Il ne s’agit pas de donner une opinion sur la pertinence de la guerre ou de l’armée, mais de créer une œuvre permettant de nous attarder à ce qui nous lie, en espérant nous comprendre un peu mieux. Pour en faire une œuvre dramatique, le processus de création de La Grande Cueillette des Mots m’apparaît le plus approprié. La Grande Cueillette des Mots propose une démarche de création et de participation citoyenne qui permet de travailler sur des sujets sensibles et complexes favorisant le développement d’une stratégie créatrice à même un dialogue ouvert.

À l’étape de la Cueillette, à l’aide du Carnet de parole, nous invitons les gens à écrire. Les mots des écrivant. e. s. sont la matière première de la création. La Cueillette du Projet Monarques a débuté en février à Sherbrooke avec ses premiers ateliers d’écriture reportés d’un an à cause de la pandémie. Puis il y eut la région de Montréal, et celle de Québec, du Saguenay et de l’Ontario.

Depuis deux mois maintenant les ateliers se déroulent sensiblement de la même manière, mais sont complexifiés par l’utilisation du monde virtuel.


— Oui, mais si je n’ai rien à dire?

— Et moi si j’ai plusieurs histoires, laquelle je choisis ?

Le ton est donné.

— Ensemble, on vit des expériences singulières et indicibles. Il faut que nous soyons ensemble. Nous sommes responsables de l’autre. Nous devons être là l’un pour l’autre. Ça marque notre manière de vivre.

Ensemble, nous regardons chacune des pages du Carnet.

— J’ai tout mis ça dans une petite boite que je garde bien fermée dans mon cerveau

Il y a la peur du jugement.

Et du rejet.


L’écriture débute. Le silence s’installe. Les pages se tournent et se retournent. Certaines personnes protègent précieusement leur carnet. D’autres ont le regard qui fuit. et d’autres encore déposent leur crayon, tournent à nouveau les pages et se remettent à écrire.


Déjà plus d’une heure trente. C’est déjà terminé, alors que tout ne vient que de commencer à se dire. Les Carnets sont déposés dans une enveloppe scellée que je rapporte avec moi. Nous réservons le dernier moment de l’atelier pour un échange ouvert à propos du déroulement, de la thématique et des étapes qui viendront, du processus de création, de la diffusion, etc.


— Je ne pensais jamais écrire ça.

— J’ai écrit tout d’un bout et quand je le relis, c’est ma vie qui est là

— Je me suis rendu compte que je pensais des choses que je ne croyais pas que je pensais. Je me disais « Moi, je pense, ça ? »

— Y faut que ça marche, on est rendu là, vétérans, familles


Au cours du mois d’avril, nous poursuivrons notre route vers l’Ouest canadien et les Territoires du Nord-Ouest. Puis, le 17 mai, nous débuterons la Condensation de ces milliers de pages qui nous auront été livrées avec confiance et abandon. À notre tour avec les membres du Comité de Pilotage nous aurons l’immense privilège de lire chacune des pages pour en extraire la matière qui permettra de créer l’œuvre. Nous aurons le plaisir de vous en reparler dans une autre infolettre en mai. D’ici-là, vous pouvez suivre le parcours de nos ateliers sur nos réseaux sociaux et notre page web.


— Les Icebergs, ça ressemble tellement à ce qu’on vit. On ne voit que la pointe, mais il y a tellement en dessous.

Posts récents

Paméla Dumont Actrice, chroniqueuse, productrice, autrice, idéatrice et conceptrice de projet, médiatrice, réalise le balado Poétiques des territoires pour JEU Revue de théâtre. Le but du balado est d

bottom of page